Le Fantasme de la Guerre Zéro Mort
Le nouveau concept de la guerre zéro mort, tout droit sorti de l'idéologie contemporaine, semble ne pas affecter d'un iota, mais au contraire confirme, la névrose de guerre telle qu'élaborée par Sigmund Freud , il y a un siècle de cela.
Aujourd'hui la guerre aussi est digitalisée et se réduit de plus en plus à être une opération abstraite et machinale : un largage massif de bombes et de missiles derrière un écran, à des milliers de kilomètres du théâtre des opérations. Un peu comme si les soldats jouaient à un jeu vidéo.
Cependant ces soldats, qui n'ont donc jamais affronté d'ennemis sur le terrain et ne se sont jamais engagés dans une lutte à mort contre eux, présentent peut-être une culpabilité moindre mais au prix d'une terrible angoisse.
Ces soldats présentent des fantasmes de confrontation corps à corps avec l'ennemi, le regardant droit dans les yeux avant de le trucider à la baïonnette.
Tout se passe alors comme si le traumatisme n'était pas dans la conscience d'avoir tué d'autres êtres humains (puisque la guerre est déshumanisée, objectivée et transformée en un processus purement technique) mais au contraire dans cette objectivation-déshumanisation même qui nécessite ensuite d'être subjectivisée et humanisée par des fantasmes de rencontre réelle avec l'ennemi.
La guerre conduite derrière un écran ne protège donc pas du meurtre en face-à-face avec l'autre ; mais au contraire c'est le fantasme d'une rencontre sanguinolente avec l'ennemi qui permet d'échapper au Réel d'une guerre anonymée, dépersonnalisée, technologisée.