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  • Rudy Goubet Bodart

Fang Fang est une écrivain chinoise dont les publications quotidiennes durant le confinement à Wuhan ont connu un véritable succès.


Plusieurs de ses écrits ont fait l'objet d'une censure de la part du gouvernement.


Un livre de ce journal de bord a rapidement vu le jour et des traductions en plusieurs langues sont parues.


Au sujet de l'annonce de la gestion du virus par le gouvernement chinois nous trouvons une formule percutante que l'écrivain rapporte dans ce livre :


« Quand vous entendez dire : « Nous vaincrons à tout prix ! » n'allez pas imaginer que vous êtes ce « nous », mais plutôt ce « à tout prix »


Cette formule prononcée par les dirigeants chinois résonne étrangement avec le « Nous sommes en guerre » du président français et son « Nous vaincrons coûte que coûte ».


Dans l'article qui suit, il ne s'agit pas de « nous » mais de « on » prononcé par l'ancienne porte-parole du gouvernement.


La lecture de « Wuhan, ville close » m'a décidé à publier ces lignes écrites il y a déjà quelque temps, tant les procédés linguistiques et rhétoriques utilisés par les dirigeants chinois et français me sont apparus comme similaires.


SIBETH N'DIAYE EST-ELLE HEGELIENNE ?


Toujours avec un temps de retard cette géniale intervention de la porte-parole du gouvernement français me parvient.


« On a souffert d'un manque d'acculturation scientifique dans la population française »


La première question à poser est : « Mais qui est ce « On », Mme N'Diaye ? »


Il est aisé de déduire et ce plutôt rapidement que « On » veut dire, ici « l'élite politique, médicale », à laquelle Mme N'Diaye s'identifie volontiers, bien évidemment. Autrement dit, le « On » renvoie au « gouvernement et ses scientifiques ». Quelle n'est pas ma surprise d'apprendre que ce pauvre gouvernement et ses scientifiques ont souffert.


Ils n'ont cependant pas souffert de n'importe quoi — et certainement pas des mesures inhumaines aux conséquences sanitaires, psychologiques, sociales et économiques désastreuses qu'ils continuent d'imposer au plus grand nombre — mais de quoi donc ont-ils souffert, ces malheureux ?


Quelques précisions.


« On a souffert d'un manque d'acculturation scientifique dans la population française »


Quel est le sens de ce mot qui paraît si technique et sophistiqué qu'est « acculturation », Mme N'Diaye ?


Acculturation (n.f) : Modification des modèles culturels de base de deux ou plusieurs groupes d'individus, de deux ou plusieurs ethnies distinctes, résultant du contact direct et continu de leurs cultures différentes. Adaptation d'un individu ou d'un groupe à la culture environnante. (Larousse)


C'est là que ça se complique sérieusement pour la cohérence des propos de la porte-parole, car il est difficile de supposer que la population française n'ait pas su s'adapter, pendant cette « crise », à une autre culture que la sienne, qui serait, en l'occurrence, ici, « la science » (?!).


Derrière ce verbiage pompeux qu'elle ne maîtrise apparemment pas je suppose que la porte-parole du gouvernement ait tout de même voulu dire quelque chose de sensé.


Je suppose donc qu'elle utilise le terme « acculturation » avec un « a » privatif, pour vouloir dire le « manque de culture » ou le « défaut de connaissance ». Il y a dans la langue française un mot simple pour dire cela : « inculture ».


Là où ça commence à être assez inquiétant, pour la porte-parole du gouvernement, c'est bien entendu lorsqu'elle adjoint « défaut » à « acculturation » — qu'elle semble utiliser en lieu et place de « inculture » — puisque cela reviendrait à dire que le gouvernement a souffert d'un défaut de manque de connaissance dans la population. Un « défaut de manque de connaissance » ou encore un « manque de manque de connaissance » ne revient-il pas à dire exactement l'inverse de ce qu'elle voulait dire ? Non et non dirait Hegel ! Car en effet, Mme N'Diaye n'est pas sans savoir que la négation de la négation n'est jamais équivalente à une affirmation.


Tout en manifestant la sienne propre, et ce le plus tranquillement du monde, la porte-parole affirme que le gouvernement et ses scientistes ont souffert de la « connerie » des français. Voilà, par cette énonciation, exprimé dans toute sa splendeur le mépris technocrate envers la masse immense des incultes et des gueux qui, par définition, ne savent pas.


Ce mépris gouvernemental et scientiste n'est-il pas au mieux incarné par Mme N'Diaye en ce qu'elle donne corps à l'une des fonctions les plus symboliques de l'appareil d'État ? C'est elle, par la place qu'elle occupe, qui représente et porte la parole des dirigeants. N'y a-t-il pas, en deçà même de ce vocabulaire et de cet énoncé bancal, une terrible ignorance ? Une passion aveugle de ne surtout rien vouloir savoir masquée par le mensonge éhonté. Ce que ne sait certainement pas Mme N'Diaye est que l'ignorance ne s'apprend pas. Elle ne fait pas semblant de ne pas savoir. Elle ne sait pas ce qu'elle dit. En cela elle n'est pas différente du commun des mortels au-dessus duquel elle a la prétention de se hausser. Elle ne fait pas semblant de ne pas savoir donc. C'est même tout le contraire. Puisque dans le Discours où est pris son sujet pour faire semblant de savoir il faut savoir faire semblant … et ça s'use vite.


« Il faut que nous soyons convaincus que le vrai a pour nature de faire irruption quand son temps est venu, et qu'il n'apparait jamais trop tôt ni ne trouve son public non mûr »


Georg Wilhelm Friedrich Hegel






  • Rudy Goubet Bodart

Françoise Dolto rentre chez elle après une journée de consultations et aperçoit ses trois jeunes enfants en train de prendre un bain ensemble.

Sa fille tire sur le pénis d'un de ses frères en hurlant : « C'est à moi ! C'est à moi ! »

Sa mère intervient :

~ Voyons ! Cesse donc tes bêtises ... Tu en auras un plus tard ... enfin, seulement si tu es sage.

~ Mais si je ne suis pas sage alors ... ?

~ Oh ! Et bien dans ce cas tu en auras plusieurs !

Françoise Dolto et ses enfants

  • Rudy Goubet Bodart

Jacques Lacan souffrait d'insomnie.

Lors de ses nuits blanches, il pouvait téléphoner à n'importe qui – plusieurs personnes en ont témoigné – pour demander une chose ou une autre.

Françoise Dolto fut l'une des personnes fréquemment réveillées au beau milieu de la nuit par un appel du célèbre psychanalyste.

Il lui demandait si elle pouvait s'occuper de telle ou telle personne avec laquelle il sentait que la cure psychanalytique ne pouvait plus progresser.

La plupart du temps, pour ne pas dire à chaque fois, Françoise Dolto acceptait la demande de Jacques Lacan ; mais observant celle-ci se répéter, encore et encore, elle l'a, un jour, refusée.

Cela était sans compter sur l'extraordinaire force de persuasion du psychanalyste, qui savait se faire très insistant pour obtenir ce qu'il voulait.

Françoise Dolto, dépitée, finit donc par accepter, encore une dernière fois.

Un beau jour, ou plutôt une belle nuit, Dolto reçut un énième appel de Lacan ; elle a alors décidé de passer le téléphone à son mari afin que celui-ci dise au psychanalyste :

« Mais vas-tu enfin laisser ma femme tranquille ?! »

Cette parole de Boris Dolto a définitivement mis fin aux appels nocturnes de Jacques Lacan.

Au-dela de la petite anecdote, plutôt drôle, il est intéressant de noter que ce type d'intervention ou d'interprétation est exactement, et précisément, ce que Françoise Dolto demande à un père de dire à son fils, lorsque ce dernier insiste, nuit après nuit, pour s'immiscer dans le lit parental.

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