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  • Rudy Goubet Bodart
  • Jan 9, 2018

Comme le disait Gilbert Keith Chesterton : “Les hommes qui croient réellement en eux-mêmes sont tous dans des asiles d’aliénés.”


Il a fait preuve d'assez de finesse pour ne pas préciser s'il parlait de ceux que l'on nomme gentiment les "patients" ou encore "usagers" ou bien les personnes qui y travaillent.


Voila deux ans que j'ai quitté les "soins psychiatriques" où j'ai travaillé pendant trois années. Renommés de façon politiquement correcte "Etablissement Public de Santé Mentale" - parce la santé mentale est un droit bien entendu - et le moins que je puisse en dire est que les fous ne sont pas ceux qu'on croit, mais ceux qui s'y croient.


La plus grande folle que j'y ai rencontrée se présentait ainsi : "Je suis la chef de Pole de l'EPSM."


Elle s'y croyait, elle se prenait vraiment pour la chef de Pole de l'Etablissement Public de Santé Mentale, n'ayant jamais l'ombre du doute (salutaire) qu'elle occuperait peut-être une place dans la structure (pas seulement hospitalière, mais surtout langagière).


Le fou ce n'est pas seulement le mendiant qui se prend pour le roi mais aussi le roi qui se prend pour le roi.

Prétextant que j’étais "lacanien", elle m'avait notamment demandé de faire des séances courtes (10-15 minutes) ... ça aurait fait gonfler les chiffres de l'entreprise.


Le pire là-dedans c'est certainement que d'autres la suivaient dans sa folie, et lui donnaient ainsi encore plus de raisons de s'y croire. Dès qu'elle rappliquait quelque part c'est à peine si les jambes ne tremblaient pas, jouant aux bons élèves, pour lui plaire ou ne pas lui déplaire, certains pouvaient se débarrasser à l'envi de leur semblant d'honneur, comme on se débarrasse d'un kleenex usagé.


Au service du discours courant, ces sujets se prenant pour des individus en dirigent d'autres qui en dirigent d'autres qui essayent tant bien que mal, avec les moyens du bord, d'en aider d'autres.

C'est à peu de choses ce qu'Hannah Arendt nommait la banalité du mal.


De nombreux ouvrages de Gilbert Keith Chesterton ont été traduits de l'anglais au français.


De façon plutôt surprenante je n'ai pas pu mettre la main sur une traduction française de sa courte mais riche introduction au Livre de Job.


Je m'y suis donc attelé.


Cette introduction est un rappel bienvenu, à notre époque où le politiquement correct a même fait son entrée au Vatican, que l'Homme ne peut jamais se cacher derrière une univocité du sens mais qu'il jouit, au contraire, d'une plus grande liberté - et responsabilité - par le fait même de l'équivocité.


Ce que l'on appelle, en psychanalyse, la signifiance - témoin du Réel.

  • Rudy Goubet Bodart
  • Dec 25, 2017

Il y a quelques semaines j'avais posté un petit texte concernant le Livre de Job en disant que si la Bible devait aujourd'hui être réécrite ce passage serait certainement le premier à être modifié ou supprimé.

Il est vrai que la grande majorité des chrétiens est très mal à l'aise avec le Livre de Job et certains d'entre eux pensent même qu'il s'agit d'un texte qui doit être simplement supprimé, car considéré comme un blasphème païen.

Le livre de Job est en réalité l'un des écrits les plus fondamentaux pour l'éthique chrétienne.

Cette intuition était fondée puisqu'on a appris récemment que le Pape François lui-même, de façon très surprenante à vrai dire, appelle à un changement dans la prière du "Notre Père", puisque celle-ci induirait que Dieu lui-même nous soumettrait à la tentation.

En réalité la question de savoir s'il s'agit d'une bonne ou mauvaise traduction des écritures originales n'est que secondaire.

La question fondamentale est ailleurs.

Car visiblement que Dieu puisse nous pousser à la tentation est inconcevable pour la plupart des chrétiens, ils ne veulent pas y croire.

Mais à lire les écritures, n'est-ce pas Dieu lui-même qui a planté l'arbre de la connaissance au beau milieu du jardin d'Eden ?

Et pour revenir au Livre de Job : n'est-ce pas Dieu lui-même qui a fait un pari avec le Diable et a produit les souffrances abominables de son plus fidèle serviteur ?

Depuis le Livre de Job, nous n'avons plus seulement et simplement affaire à l'écart entre l'homme et Dieu mais à l'écart, la division, l'inconsistance au cœur de Dieu lui-même.

La défense et la conservation de l'héritage chrétien ne peut pas passer par la suppression ou modification des écritures qui font problème, qui créent des tensions puisque c'est dans ces paradoxes mêmes que réside toute son éthique.

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