- Rudy Goubet Bodart
- Nov 16, 2017
" Rien de grand ne s'est accompli dans le monde sans passion. "
Une lecture moderne de cette sentence hégélienne tendrait à nous faire croire que si nous voulons réaliser quelque chose de notre existence, la passion, dans le sens d'exaltation, serait nécessaire, puisque le sceau de l'émotion viendrait signer l'authenticité de l'entreprise.
Cette lecture, bien qu'elle aille comme un gant à l'époque, n'en est pas moins fausse.
La passion est le moyen privilégié dont se sert la raison pour arriver à ses fins sans que les hommes ne se doutent de rien, trop occupés qu'ils sont à se faire la guerre (ruse de la raison).
Lacan, à la suite d'Hegel, instaurera l'ignorance au centre des passions de l'Homme et élabora la théorie des discours comme structures langagières conditionnant la jouissance du sujet qui s'y trouve.
Que le sujet s'imagine maître des signifiants sans avoir de quoi faire lien social, voilà ce qu'est le Discours Capitaliste.
Qui n'est pas une invention d'un "anti-capitalisme primaire" puisque 1) les choses se situent au niveau du discours et non pas des personnes et 2) à se poser en s'opposant on donne à l'autre les outils pour qu'il se renforce et se perfectionne.
Ce discours est le résultat de la copulation entre le Discours du Maître et le Discours Universitaire.
Les effets s'en font ressentir tous les jours avec la soumission d'un côté à un signifiant maître (ethnico-religieux par exemple) et de l'autre le règne de la connaissance désincarnée (scientisme par exemple).
Il suffit de regarder autour de soi pour constater comment et combien ces deux "courants" (qui n'en sont en fait qu'un) font bon ménage.
Voilà ce qui constitue les grandes lignes de ce que l'on nomme la modernité.
Se posent en rempart et comme poumon artificiel à ce "discours" qui consume tout :
le Discours de l'Hystérique, qui est celui du Malaise dans la Civilisation, soit le malaise dans le désir (symptôme), seul susceptible de produire du nouveau savoir et le Discours de l'Analyste qui à interroger la vérité insue du désir rend lisible au sujet les signifiants maîtres de son histoire.
De quoi s'en sortir un par un.
La ruse de la raison ne trouve-t-elle pas dans la théorie des discours sa nouvelle édition qui permet une certaine lecture de l'époque ?
- Rudy Goubet Bodart
- Nov 16, 2017
" Nos rêves sont, pour le cas où, une fois par exception, ils se poursuivent et s'achèvent - généralement le rêve est un bousillage -, des enchaînements symboliques de scènes et d'images, en lieu et place du récit en langage littéraire.
Ils modifient les événements, les conditions et les espoirs de notre vie, avec une audace et une précision poétiques qui nous étonnent toujours le matin lorsque nous nous en souvenons.
Nous gaspillons trop notre sens artistique durant notre sommeil et c'est pourquoi le jour nous en sommes si pauvres. "
Friedrich Nietzsche
Freud a vraisemblablement été influencé par Nietzsche, notamment dans son élaboration à propos du rêve.
Néanmoins, là où Freud fait un pas supplémentaire par rapport à Nietzsche c'est lorsqu'il inclut la forme du rêve dans son contenu.
Autrement dit, c'est surtout lorsque le rêve est un "bousillage", soit que sa forme nous apparait comme incompréhensible ou que nous n'en gardons qu'un maigre souvenir, que s'y joue quelque chose de crucial pour le sujet.
Puisque dans l'interprétation du rêve la forme doit être inclue dans le contenu.
C'est à la forme que Freud fait référence lorsqu'il mentionne l'ombilic du rêve, et non à son contenu.
- Rudy Goubet Bodart
- Nov 7, 2017
Approximation de la lathouse
"Lathouse" est un néologisme lacanien composé de "aléthéia" et "ousia".
L'aléthéia est la vérité en tant que voilée (oubliée) et l'ousia est ce qui se situe entre l'Autre et l'étant, l'être (ou presque).
La lathouse serait l'objet cause du désir en tant que produit par la science et qui a pour effet le voilement (l'oubli) de l'être.
Il n'y a rien d'autre dans cette lathouse que du vent, celui de la voix humaine.
Puisque la science nous gouverne, il y a prolifération des lathouses, au point où Lacan avance que nous vivons dans l'aléthosphère.
Nous y sommes branchés. Il dit ça bien avant l'invention d'internet et des informations en continu qui sont peut-être des lathouses à l'état pur puisqu'ils participent à l'oubli de l'être (divertissement au sens pascalien) en nous environnant constamment de l'inassimilable vent de la voix humaine sans même être des objets (au sens banal).
Pourtant Lacan affirme que le psychanalyste est celui qui occupe la place de la lathouse.
Est-ce à dire que le psychanalyste est un produit de la science qui a pour effet l'oubli de l'être ?
Certes pas, mais le sujet de la psychanalyse est le même que celui de la science (sujet du cogito cartésien).
Seulement dans le discours de l'analyste il est en place de l'autre et dans le discours universitaire en place de production (expulser).
Le psychanalyste comme lathouse serait donc à entendre comme psychanalyste en tant que semblant de l'objet a (cause du désir) et permettant au sujet l'angoissant mais nécessaire passage du divertissement à la discrétion.