Discours et servitude volontaire
A la suite de Jacques Lacan nous pouvons relire Etienne de la Boétie et parler de la servitude volontaire en terme de positionnement dans tel ou tel type de discours.
Le discours courant et hégémonique n'est fondé sur aucun impossible, voilà pourquoi il ne préfigure aucun lien social.
Il nous fait croire que nous nous servons nous-même à travers lui alors que nous ne faisons que concourir à sa perpétuation.
Nous nous sentons quotidiennement libres au sein du strict paradigme qu'il nous offre, c'est-à-dire à mesure au nous servons le Marché.
Nous nous sentons alors libres précisément à l'endroit où nous sommes les plus cerfs. Rien de plus ingénieux n'a jamais été inventé.
La plus grande des servitudes est celle qui consiste à nous imaginer totalement désaliénés.
A l'inverse, c'est lorsque que nous abandonnons ce que nous imaginons comme étant notre liberté pour nous mettre au service d'une cause, c'est-à-dire d'un discours structuré autour d'un impossible, que nous sommes paradoxalement libres.
En étant au service de ce type de discours, nous sommes donc forcés d'être libres en énonçant : " Je sers ce discours. " préfigurant un type de lien social. C'est donc en assumant ma servitude, mon aliénation que j'exerce ma liberté.
Le Maître devient superflu au moment où l'Esclave consent à le servir.
C'est comme lorsque je suis amoureux. L'amour est cette force qui me contraint, qui me tient et servir l'autre ne se fait alors jamais aux dépends de ma liberté mais en est la manifestation même.