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Injuste Milieu

L'éthique du Bien-Dire n'est pas l'éthique du bien-dit.


Le bien-dit consisterait à bien réfléchir, à peser le pour et le contre, avant de parler, pour s'assurer que sa position est correcte, acceptable et qu'elle colmate bien le trou réel au cœur du Symbolique.


Ainsi le sujet qui parle pourrait se targuer d'une fausse neutralité, toujours fantasmatique, un milieu juste, pour mieux piéger l'Autre avec des questions sournoises par exemple, sans se rendre compte qu'en voulant piéger l'Autre c'est d'abord lui-même qu'il piège, à ne pas vouloir prendre acte du réel de la parole : l'énonciation.


Préférant la posture de la Belle-Âme ... jugeant, plaignant, et désirant secrètement prendre l'Autre à défaut, tout en jouant l'innocent effarouché, trop pur pour vouloir se salir.


La psychanalyse est une lettre que l'on s'envoie sous forme d'invitation pour lire son propre message seulement après l'avoir produit.


Je découvre mon message, et son équivocité, uniquement après l'avoir adressé ; il me revient alors sous sa forme inversée.


Toute prise de parole est une prise de risque, voilà ce à quoi la psychanalyse rend hommage.

Le juste milieu est toujours extrême ; extrême comme la fine crête, qui délimite mon savoir de mon l'ignorance, au sommet de laquelle le sujet vacille sur la pointe de son pied le plus faible pour faire subsister la fébrile mais immortelle lueur du désir.


Le juste milieu est celui de la monstrueuse vérité qui ne peut être que mi-dite.

Le juste milieu c'est quand le sujet est à l'heure au rendez-vous que lui a tendu la vérité de son désir.


Si la chouette de Minerve ne prend son envol qu'au crépuscule, c'est toujours au beau milieu de la journée, à midi, où l'ombre est la plus courte et le soleil le plus haut, que le sujet a à regarder l'aveuglante et insupportable lumière de la vérité.


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