Dialectique et Psychanalyse
Jacques Lacan traduit la révolution mondiale de la pensée (Dialectique) inaugurée par Socrate, et toujours en cours, en inversant l'algorithme saussurien [Signifié/Signifiant] en [Signifiant/Signifié].
Cela est l'indication de la primauté du signifiant (son autonomie) sur le signifié (ou pour le dire de façon vulgaire du mot sur la chose) et donc, ce qui à notre époque est crucial, de la continuité discrète qui existe entre Dialectique et Psychanalyse.
Quel sont les effets pratiques de la Dialectique ?
Je veux changer les autres ?
Changer le monde peut-être ?
Faire la révolution aussi ... pourquoi pas ?
Aujourd'hui rien n'est impossible, n'est-ce pas ?
Il me faut alors commencer par savoir ce que j'appelle "les autres", ce que je nomme "le monde", débuter la seule révolution qui vaille : la mienne (en soi et pour soi).
Pour rectifier mon rapport au Réel (et non pas m'adapter à la réalité).
Ou comme le disait Gandhi :"Sois le changement que tu souhaites voir dans le monde"**
En effet, avant même d'être en prise avec les choses, je suis d'abord et surtout en prise avec les mots.
Quoi qu'il arrive donc, je ne pourrais jamais m'extraire de mon temps, j'y suis toujours intégralement plongé. Je ne peux pas être plus que lui.
Ce que je peux faire est de m'efforcer, coûte que coûte, d'atteindre et de me tenir de toutes mes forces à sa limite, qui est aussi la mienne, en le pensant, en me réconciliant alors avec ma propre aliénation (qui avant d'être économico-historique est surtout langagière), puisque la liberté est l'intellection de la nécessité.
Pour inverser la proposition de Karl Marx, on pourrait dire :"Depuis plus de deux siècles, la philosophie n'a fait que changer le monde. Il est grand temps désormais qu'elle le pense."
Les invitations aussi forcées qu'urgentes au changement, à l'action, sont autant de séductions qui empêchent de penser, soit de comprendre et donc de changer quoi que ce soit.
Le véritable courage ne situe pas dans les menus espoirs de changements, de réformes, de
solutions déjà toutes prêtes qui ne demanderaient qu'à être appliquées.
Les promesses n'engagent que ceux qui y croient.
Toute "solution" ne ferait qu'alimenter le paradigme, le monde, le discours qui lui a donné naissance.
La premier pas devrait être un pas de côté ou en retrait afin d'amorcer une coupure authentique. Soit une refus d'alimenter l'idéologie qui nous fournit les espoirs de changement, qui ne sont en réalité qu'une façon de la faire subsister.
Le véritable courage est alors celui qui m'opère de l'espoir, qui me dés-espère.
Puisqu'il est impossible de résoudre un problème en se servant de la logique qui l'a produit.
Avant de me précipiter vers les solutions, il me faut apprendre l'Art de poser les questions.
** A ce titre, Gandhi était certainement beaucoup plus proche du Discours Psychanalytique que tous ces pantins illettrés du Discours Courant qui prétendent aujourd'hui le représenter officiellement.
Ils s'autorisent à nous conseiller, pour notre Bien, de voter untel ou untel, de nous indiquer, parce qu'ils font École, la façon de penser. Ils sévissent sans cesse dans les médias pour y trahir à fond et sans vergogne aucune La Lettre de la Psychanalyse, l'Esprit de la Dialectique.