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DOLTO A-T-ELLE ÉTÉ DÉFENDUE ? (2/4)

Françoise Dolto, une pensée issue de Mai 68 ?


Nombreux sont ceux qui affirment que la pensée et la pratique clinique de Françoise Dolto ne seraient compréhensibles qu'en référence à Mai 68. Le mode de pensée de l'époque engloberait donc la pratique de Dolto, qui n'en serait alors qu'un des effets. Pour ne pas trop épiloguer sur cette défense, plutôt maladroite, disons simplement que Françoise Dolto a publié une thèse dans les années 30 (bien avant 68) et s'est mise à écrire et publier dans les dix dernières années de sa vie (dix ans après 68), après avoir décidé d'arrêter de pratiquer la psychanalyse. Voilà pour replacer, très rapidement, les événements de façon chronologique.


Cependant, à un niveau plus (idéo)logique ni Françoise Dolto, ni Jacques Lacan, ne partageaient l'enthousiasme général produit par la soi-disant «libération sexuelle», les effets éducatifs (ne pas dire «non» aux enfants, ne rien leur interdire ...) et sociétaux que Mai 68 a pu produire. Ils étaient même plutôt perçus comme des empêcheurs de fêter – et pourquoi pas de baiser – en rond.


A ce titre, les innovations en matière sexuelle expérimentées à cette époque n'ont fait que confirmer l'écart qui existe entre le fantasme et la réalité, et bien que celle-là soit soutenue par celui-ci rappelons nous que Freud disait : « Ce que l'homme convoite dans ses fantasmes, il le fuit lorsque la réalité le lui offre ». La majorité des expériences sexuelles se sont alors soldées par des éprouvés de jalousie, de dégoût, de possessivité à la grande surprise et même stupeur des fameux libérateurs ... autant d'affects décrits alors comme bourgeois. Des millénaires de civilisation ne s'effacent pas avec des soubassements contre-révolutionnaires.


Et concernant les implications de Mai 68 à ce qui s'appelle la pédagogie, la psychanalyse nous enseigne qu'une éducation dite moderne ou permissive n'a rien à envier à une éducation dite traditionnelle ou autoritaire, relativement à la férocité du Surmoi. Son puissant impératif y règne toujours, seulement à l'interdit de jouissance se substitue une obligation.


Sans oublier que Mai 68 a finalement abouti à une prise de position de certains intellectuels (Sartre, de Beauvoir, Foucault, Deleuze ...) en faveur d'une révision des droits relatifs à la sexualité des moins de 21 ans, à laquelle Françoise Dolto n'a pas participé, comme l'a prouvé à de maintes reprises sa fille.


Il serait pourtant curieux de dire que Françoise Dolto et Jacques Lacan n'ont pas été influencés et même produits par la subjectivité de leur époque qui a connu son apogée en Mai 68. Disons simplement, qu'ils n'ont pas seulement été produits par la subjectivité de leur époque mais qu'ils sont su en rejoindre l'horizon. Ils saisissaient avec une grande acuité les enjeux de leur temps et savaient incarner l'axe autour duquel tant de vies trouvaient un repère : ils ont été leur temps. Il est donc faux de cantonner Dolto et sa pensée à cette période, puisque la psychanalyste énonçait des vérités de toute éternité, valables depuis et pour toujours.


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