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DES ÉLECTIONS PESTILENTIELLES


Le résultat et l'ensemble du processus électoral du président de l'Occident semblent nous avoir offert, au moins sur les réseaux sociaux, un véritable spectacle, un authentique concentré sous forme de florilège du déversement de cette indignation bon marché, programmée, télé-programmée, commandée, télé-commandée qui a scandé les quatre années du mandat du désormais futur ancien président — si cela se confirme en Janvier.


Ces derniers jours ont été un magnifique condensé de la part des mutins de Panurge qui, ces dernières années, nous avaient déjà habitués à publier sur leurs réseaux sociaux diverses moqueries envers la caricature ambulante qu'est cet homme, mais aussi à activement le haïr, à adorer le détester, à épier hystériquement ses mots, ses faits et gestes pour le critiquer hargneusement, à jubiler même lorsqu'il était tombé malade. Les petits soldats de l'Empire du Bien, aujourd'hui, se félicitent, s'auto-congratulent que ce gros méchant, qui incarne, pour eux, le Mal Absolu, ait perdu. C'est comme s'il s'agissait de leur victoire, à eux. Ils se foutaient bien même de la victoire de l'opposant, l'important était que lui, le vilain, perde. Tel était leur souhait, tel est leur horizon.


Toutes ces belles âmes vertueuses défendant La Bonne Cause n'ont jamais su percevoir que sur le visage de leur héros négatif c'est bel et bien leur propre laideur qui se reflète.


Rien n'en dit autant sur le caractère de quelqu'un que ce de quoi, et la façon avec laquelle, il se moque.


Tu es ce que tu hais.


Que combattent-ils, ces bisounours de la résistance, lorsqu'ils s'en prennent à lui, si ce n'est leurs propres tentations inavouées, inassumées ? Sinon, pourquoi occuperait-il une telle importance dans leur économie psychique ? Pourquoi son image les mettrait-ils dans une telle extase ?


Ils le détestent. On ne saurait en douter. Mais ils aiment par-dessus tout l'état passionné dans lequel les place cette détestation qui les fait palpiter et ainsi leur procure un semblant de substance ontologique qui masque, dans ce même mouvement palpitant, le chaos qu'est leur existence immaculée.


Ils ne saisissent toujours pas la logique qui consiste à recevoir de l'Autre son propre message sous sa forme inversée, et comment leur jouissance obscène, leur haine dans laquelle ils logent la part la plus haute et la plus belle de leur identité, ont pu, un jour de Novembre 2016, faire le trajet du retour à l'envoyeur, comme on parle d'un retour de bâton.


L'anti-trumpisme est donc tout sauf une pensée mais est bel et bien une passion, leur passion fondamentale, alors que l'a-trumpisme, salubre lui, leur est tout bonnement hors d'atteinte.


Ils ne s'en remettraient probablement jamais si un jour ils réalisaient à quel point ils ont été les contributeurs principaux dans le succès de leur épouvantail fétichisé.


Désormais, nous pouvons faire semblant de nous demander sur quel nouvel objet leur haine va pouvoir se reporter ... L'Empire s'empire.

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