DEUX LEUZES
- Rudy Goubet Bodart

- Mar 16, 2024
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Tout comme le travail de son ami Michel Foucault, celui de Gilles Deleuze est parsemé de malhonnêtetés intellectuelles aisément identifiables et démontrables.
En voici un exemple : alors que le philosophe base l'essentiel de sa critique de la psychanalyse sur sa perception de la schizophrénie, son biographe, François Dosse (auquel il est difficile de supposer la moindre mauvaise intention) dévoile à la suite d'un entretien avec Jean-Pierre Muyard que Gilles Deleuze n'a non seulement jamais vu un schizophrène (malgré ce qu'il dit en se pavanant devant ses étudiants●) mais il les évitait même, puisqu'il en avait une peur bleue●● :
● C’est évidemment très difficile de dire : Oui, vous savez la schizophrénie... de faire une espèce de tableau lyrique de la schizophrénie. Je me souviens qu’au moment de L’Anti-Œdipe, il y a une psychiatre qui était venue me voir et qui était très agressive, et qui m’a dit : « Mais un schizophrène, vous en avez déjà vu ? » J’ai trouvé que cette question était insolente, à la fois pour Guattari - qui est, lui qui travaille depuis des années dans une clinique où il est notoire que l’on voit beaucoup de schizophrènes - et même insolente pour moi, puisqu’il y a peu de gens au monde qui ne voient pas ou n’aient pas vu de schizophrènes. Alors j’avais répondu comme ça - mais on croit toujours être spirituel et on l’est jamais - j’avais répondu : « Mais jamais, jamais, je n’ai vu de schizophrène moi ! » Alors après elle avait écrit dans des journaux en disant que, on n’avait jamais vu de schizophrènes, c’était très embêtant quoi.
Gilles Deleuze — Anti-Œdipe et autres réflexions (27 Mai 1980)
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●● Les deux hommes deviennent amis et Deleuze, désireux de mieux connaître le monde des psychotiques, entreprend un dialogue suivi avec Muyard : 《 Il me dit : je parle de la psychose, de la folie, mais sans aucune connaissance de l'intérieur. En même temps, il était phobique par rapport aux fous. Il n'aurait pas pu rester une heure à La Borde. 》
[...]
Aux beaux jours, c'est Deleuze qui vient voir Guattari, mais à l'écart de la folie qu'il ne supporte pas : 《 Un jour, on dîne à Dhuizon, Félix, Arlette Donati, Gilles et moi et le téléphone sonne de La Borde, annonçant qu'un type avait foutu le feu à la chapelle du château et qu'il s'était enfui dans les bois. Gilles blêmit, moi je ne bouge pas et Félix fait appel à de l'aide pour retrouver le type. Gilles me dit pendant ce temps : 《 Comment tu peux supporter les schizos ? 》il ne pouvait pas supporter la vision des fous.
François Dosse — Gilles Deleuze, Félix Guattari : biographie croisée (2007)
Rudy, your point about Deleuze's admission of never seeing a schizophrenic, despite basing his critique of psychoanalysis on it, is profoundly insightful. His labeling the question 'insolent' speaks volumes. It highlights a critical disconnect between theoretical discourse and lived experience, especially in mental health. This detachment can unfortunately perpetuate misunderstanding and even fear, rather than fostering genuine empathy or effective solutions. This avoidance, whether intellectual or personal, can be a significant barrier to truly grasping the nuances of complex conditions. It makes me think about how pervasive fear can be in shaping perceptions, not just of others, but of our own experiences. For instance, understanding conditions like agoraphobia, which is often characterized by intense fear and avoidance, requires direct engagement,…