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KOJÈVE — LE DERNIER MONDE NOUVEAU (1956)

  • Writer: Rudy Goubet Bodart
    Rudy Goubet Bodart
  • Aug 24
  • 2 min read

En 1957, lors de son séminaire « La relation d'objet », Jacques Lacan invitait son auditoire à la lecture des romans de Françoise Sagan qui présentaient, selon Alexandre Kojève lui-même qui en a fait une critique, le dernier monde nouveau où l'homme, dans son sens viril, n'existe tout simplement plus. Ce qui a les conséquences les plus fâcheuses pour les femmes elles-mêmes :


« Ceci ne manquera pas de vous instruire, et comme on dit : « ça ne vous fera pas de mal », vous ne risquerez rien. Le psychanalyste ne se recrute pas parmi ceux qui se livrent tout entier aux fluctuations de la mode en matière psycho-sexuelle. Vous êtes trop bien orientés, si je puis dire, pour cela, voire même avec un rien de « fort en thème » en cette matière.Ceci en effet, peut vous faire entrer dans une espèce de bain d’actualité de l’activation de la perspective pour ce qui est de ce que vous faites et que vous devez être prêts à entendre quelquefois de vos patients eux-mêmes. »


À noter l'optimisme de Jacques Lacan qui en 1957, avait encore suffisamment fois dans les psychanalystes et ne s'imaginait pas qu'ils puissent se laisser prendre aux modes psycho-sexuelles. Que dirait-il aujourd'hui en voyant que mêmes ses « gendres » font genre ?


Un extrait de la critique d'Alexandre Kojève :


« Pendant des millénaires, les hommes "prenaient" les filles. Puis la mode vint, pour celles ci, de " se donner ". Mais est-ce la faute aux filles si, dans un monde nouveau, sans héroisme mâle, elles ne peuvent plus être ni "données" ni "prises", mais doivent bon gré mal gré se contenter de se laisser faire ? N'est-ce pas en tout cas préférable que, dans ces conditions, elles le fassent, autant que possible, avec la meilleure grâce et volonté d'un monde, où nous la sommes tous désormais obligés de vivre, du moins tant que notre propre mort ne nous dira rien? A quoi servirait, d'ailleurs, d'envoyer ces gracieuses, mais volontaires "Amazones" soit dans des couvents (comme semblent le souhaiter certains, sans, jamais oser dire), soit chez d'autres guérisseurs professionnels subtils des âmes présumées meurtries (comme on se permet parfois de le suggérer, sous le prétexte fallacieux que les filles en question ne sont pas "vraiment heureuses", mais bien entendu, sans s'offrir pour supporter les frais, fort élevés d'ailleurs, du prétendu assainissement moral)? En supposant ces filles "normalisées", au point de pouvoir être parfaitement "heureuses" en se comportant en "vraies femmes", trouveraient-elles les véritables hommes qu'il leur faudrait alors, dans un monde où l'akmé de la puissance du mâle est désormais situé dans l'activité pacifique et laborieuse (bien que dûment motorisée) ď'un époux fécond ? »

 
 
 

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