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  • Rudy Goubet Bodart

Une formation de l'inconscient ne relève qu'assez rarement du discret ou du subtil ... cela vaudrait davantage pour son interprétation.


Le retour du refoulé — qui n'est autre que le refoulement lui-même — qu'il prenne la forme d'un rêve, d'un lapsus, d'un symptôme, d'un oubli, d'une faute d'orthographe ... est plutôt comme l'éléphant dans la pièce ou le nez au milieu du visage.


C'est si évident, si visible — et du visible au risible il n'y a qu'une lettre — que ça en crève les yeux. Littéralement.


« Le bien connu en général, pour la raison qu'il est bien connu, n'est pas connu. C'est la façon la plus commune de se tromper et de tromper les autres, à propos du connaître, que de présupposer quelque chose comme bien connu » — Georg Wilhelm Friedrich Hegel


Nous savons tous depuis l'enfance que la meilleure façon de (se) cacher quelque chose est de l'exposer au vu et au su de tous.


Le quidam s'autorise alors à être juge esthétique et interprète herméneutique des logos et symboles contemporains choisis pour nous guider vers le Bien.


Cela rappelle étrangement l'histoire de la flamme olympique qui, aujourd'hui encore, fait le tour du monde tous les quatre ans pour rappeler et faire oublier dans un même mouvement son origine.



  • Rudy Goubet Bodart

J'ai donc purgé, pour la seconde fois en moins d'une année, une peine d'exprisonnement, entre 24 et 48h, de ce réseau dit-social suite à de valeureux signalements quant à la publication relative aux déclarations officielles de Janine Small (Vice Présidente de Pfizer Vaccin) affirmant, en lieu et place d'Albert Bourla (PDG de Pfizer), qui n'a pas eu le courage de se présenter, devant la Commission Européenne que sa camelote n'a jamais été testée avant sa mise sur le marché — quant à son efficacité d'arrêter ou même de réduire la transmission du virus — et, a-t-elle ajouté, que toutes les étapes de la confection de sa lotion ont été réalisées « à risque », à la « vitesse de la science ». J'ai, dès le départ, perçu d'un mauvais œil cette campagne publicitaire massive et intensive pour l'inoculation car je me disais, bêtement et un peu naïvement, que science et précipitation ne faisaient jamais bon ménage. Aussi, faut-il ne pas confondre la science avec son discours (ici se référer à Jacques Lacan pour comprendre) et encore moins la science avec le marketing qui en est fait autour. Le Marché et le Marketing vont toujours beaucoup plus vite que la science dont le temps et la temporalité sont davantage ceux de la longueur, voire de la lenteur, que ceux de la frénétique accélération ou de la coupable précipitation.

Je suppose que les personnes qui ont signalé mon texte aux autorités facebookiennes n'ont pas eu à enterrer des proches ou à constater une dégradation significative de leur santé suite à l'inoculation de leur énième dose. Je suppose aussi que ces mêmes personnes estiment justifiées les mesures prises durant cette triste période. Je suppose, encore, que ces personnes sont d'accord avec la suspension absolument scandaleuse, toujours en cours, de milliers de soignants alors que l'Hôpital, dans la plupart des pays dits développés, se trouve dans un état de délabrement avancé. Je suppose, une dernière fois, que ces personnes s'imaginent bien volontiers que ces produits leur ont sauvé la vie, se catégorisant ainsi elles-mêmes dans la vaillante rubrique « les plus fragiles d'entre nous ». Ces personnes, en réalité, peuvent bien penser ce qu'elles veulent : ça m'est complètement égal. Elles peuvent aussi me signaler : ça m'amuse beaucoup car je constate que, comme la mauvaise herbe, certaines opinions repoussent d'autant plus vite que l'on essaie de s'en débarrasser. Une partie de mes amis, que je remercie au passage, ont spontanément décidé de véhiculer mon message et cela a produit des effets vraiment intéressants que je n'aurais jamais pu constater sans cette censure.

J'utilise ce réseau dit-social comme un calepin sur les pages duquel je griffonne ce que je lis et parfois aussi ce qui me traverse l'esprit. J'ai un tas de petits cahiers noircis de citations que j'adore, c'est-à-dire que j'aurais aimé pouvoir écrire. Ce journal extime est tout à fait public et vient ici, le lire, qui veut. Vraiment. Cependant, c'est parfois surprenant de se trouver interdit d'écrire sur son propre calepin. Mon réseau dit-social est majoritairement rempli de citations et j'y partage plutôt rarement mes pensées. C'est que j'ai un mal fou à écrire et je ne le fais que lorsque je m'y sens absolument obligé. Je trouve cette tâche, écrire, profondément ingrate. Beaucoup d'efforts pour très peu de plaisir. Que certains lisent, aiment, commentent et partagent ce que j'écris ou recopie est, je crois, un indice, peut-être menteur, que parfois des solitudes peuvent se croiser le long d'une phrase. J'utilise vraiment ce réseau dit-social comme un calepin puisque je n'y suis, du verbe « suivre » et du verbe « être », personne. J'ai coupé l'insupportable fil d'actualités quelques jours seulement après l'installation de l'application. Cela fait au moins dix ans. Je ne sais pas ce que mes contacts aiment, écrivent, partagent. Aussi, je ne suis pas tout à fait naïf et sais bien que ce calepin n'en est pas vraiment un et que tout ce que j'y écris est récupéré par le panoptique algorithmique marchand qui tente de cerner ma personnalité et ainsi me vendre du dentifrice « Sigmund Freud » goût banane. C'est vrai, parfois, de temps en temps, et par curiosité, je me rends sur le calepin d'un autre et c'est bien souvent parce que j'y ai été invité par un tiers via la messagerie.

Je n'ai, vous vous l'imaginez bien, alors jamais signalé qui que ce soit. Je trouve cette pratique d'une extrême laideur morale et d'une petitesse spirituelle affligeante. C'est à ce qu'il se contente que l'on constate la perte de l'Esprit. Pourtant, ce n'est pas faute d'être quotidiennement consterné par l'épaisseur infinie et la lourdeur de la connerie humaine. Parlant d'esprit, je dois dire aussi que j'ai celui de contradiction ainsi que l'âme récalcitrante ce qui m'embarque, plus souvent qu'à mon tour, dans des querelles d'idées dont je mets un temps fou avant de m'apercevoir qu'elles ne me regardent pas et que, dans le fond comme à la surface, ne m'intéressent pas. Sorcellerie du langage qui toujours cause le sujet. Je ne comprendrais jamais que l'on puisse vouloir faire taire quelqu'un. Cela tient probablement à mon métier qui m'a appelé et interpelé bien avant que je ne puisse le nommer.

Je ne prétends pas être subversif et encore moins révolutionnaire. La psychanalyse n'a de révolutionnaire que ce sempiternel tournage en rond qui a lieu en séance et dont l'écart entre deux répétitions atteste du progrès du sujet dans l'entendement de son aliénation au langage. Ce qui est sub-versif n'est pas la psychanalyse mais le su-jet de l'inconscient, qui n'est pas l'inconscient du sujet, et dont elle est l'unique méthode d'approche. Le sujet est toujours libre puisqu'il tient à la parole. Ainsi je ne m'imagine pas une seconde que le fait d'être censuré sur ce réseau dit-social soit le signe d'une quelconque subversion ni même celui du gardiennage de la vérité vraie. Je pense, plus modestement, que cela atteste, de façon négative, de ce goût morbide qu'à notre époque de vouloir fixer le sens des mots — qui est tout aussi celui des expériences et de l'Histoire — une bonne fois pour toutes. Cela atteste aussi de cette folle prétention contemporaine de s'imaginer pouvoir dire le vrai sur le vrai. La parole est libre, cela veut dire que, fondamentalement, elle nous échappe de par sa polysémie et polyphonie. Ces tristes Cerbères linguistiques qui, pathologiquement accrochés à leur narcissisme, veulent lui faire obstacle sont les mêmes qui s'imaginaient pouvoir faire obstacle au virus. Et il est vrai que la parole dans sa démultiplication anarchique, sa refraction incontrôlable, sa folle transmissibilité, sa scandaleuse contagiosité, son ingouvernabilité foncière, sa spectaculaire pathogénicité ... a presque tout d'un virus. Elle est à la fois la pire et la meilleure des choses. Malheur à ceux qui veulent n'en rien savoir.




  • Rudy Goubet Bodart


D'aucuns pourraient percevoir quelque obscénité charognarde dans la manière, lourde et insistante, dont certains ont de s'en prendre, depuis sa disparition, à Jean-Luc Godard. Comme s'ils désiraient être ceux qui l'eurent tué après sa mort.


Ainsi, Stéphane Zagdanski, nous a récemment fait le plaisir de sortir de ses archives personnelles les images d'une longue entrevue avec le cinéaste franco-suisse qu'il avait, au préalable, vivement critiqué dans son livre « La mort dans l'œil » (2004). Suite à cette entrevue, visiblement insatisfaitante pour lui, l'écrivain a doublé ses critiques — loin d'être inintéressantes — de copieuses insultes à l'encontre du réalisateur : « malin », « pervers » et « masochiste », tels sont les quelques qualificatifs employés pour décrire l'attitude, en retrait et accomodante, du cinéaste durant leur entrevue.


L'occasion est trop belle pour ne pas se remémorer les quelques mots d'un célèbre psychanalyste au sujet du masochisme, et notamment celui du peuple juif, à travers quelques épisodes de l'Histoire :


« Ne peut-on pas reconnaître que les masochistes transforment avec une audace certaine leur faiblesse en force ? Lorsque nous les comparons avec l'apparente soumission du masochiste, la persévérance à atteindre son but ou l'entêtement des forts tempéraments nous apparaissent comme un jeu d'enfant. La fierté d'un saint qui préfère être jeté aux lions plutôt que de renier sa foi chrétienne n'est en rien inférieure à une fierté ordinaire. Les vies de milliers de juifs qui se sont suicidés dans des synagogues médiévales plutôt que d'abjurer la foi de leurs pères me semblent beaucoup plus héroïques que celle de leurs persécuteurs. Quand les juifs ont été brûlés au Moyen-âge et sont morts en chantant « שמע ישראל » — ou si de nos jours ils sont tués dans les camps de concentration allemands pour avoir refusé le salut Hitlerien — ils ne sont absolument pas plus faibles que leurs assassins. »


Theodor Reik — « Le masochisme de l'homme moderne » (1940)


Selon ses propres dires, Stéphane Zagdanski s'attendait à un « gros clash ». Il n'aura été ni le premier ni le dernier à vouloir se faire un nom en se faisant celui d'un autre. Il avait ses raisons de vouloir en découdre avec Jean-Luc Godard. Cependant, le réalisateur, aussi masochiste puisse-t-il être, ne lui a pas offert ce plaisir et lui a même tout concédé (qu'il était un mauvais cinéaste, un mauvais écrivain ...), sauf sur un point :


Jean-Luc Godard n'aura pas cédé un millimètre et aura regardé son interlocuteur droit dans les yeux, pour soutenir son interprétation, scandaleuse et éminemment freudienne, quant à l'attitude des juifs envers les camps. Prenant à contre-pied la lecture d'Hannah Arendt, il pense que les juifs ne se sont pas laissés faire comme des moutons mais auraient « inconsciemment voulu » les camps et que c'est précisément ce sacrifice qui a sauvé Israël. Ils ne seraient pas morts pour rien. En vain. En le supposant responsable de sa destinée Jean-Luc Godard — se rapprochant puis dépassant la lecture reikienne — ne procède pas à la déshumanisation nazie du peuple juif mais lui rend, paradoxalement, un véritable hommage. Il est même allé plus loin en traçant un audacieux trait d'union entre les Juifs des camps et les Arabes de la Palestine qui, eux, se sacrifient « activement et consciemment », pour faire exister leur territoire.


Dans cet entretien Jean-Luc Godard aura alors démontré, une fois encore, l'art de l'interprétation qui consiste à saisir l'instant propice pour surgir hors du silence et porter l'estocade puis s'effacer, se tenir de nouveau en retrait. Cela rappelle le geste de Sigmund Freud lorsque, en 1939, de son lit de mort il publie « Moïse et le Monothéisme », son livre-testament dans lequel il soutient que « le juif des juifs », Moïse, n'est lui-même pas juif et qu'il n'y a donc pas de « réalité positive » sur laquelle les nazis puissent se soutenir afin de justifier leurs machinerie et machination mortifères.


La discrétion du geste godardien se joue de la réciprocité de la loi du Talion (œil pour œil, dent pour dent) et imite le geste christique, véritablement subversif, qui consiste à tendre l'autre joue et retire ainsi toute possibilité d'attaque à son détracteur en le renvoyant à ses propres contradictions et incohérences.



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